Hervé Maurey demande 10 milliards de taxes pour le développement de la fibre en France

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Hervé Maurey, Sénateur de l’Eure et centriste de son état, a remis son rapport sur le développement du très haut débit en France métropolitaine le 26 octobre 2010, suite à une mission confiée par le Premier Ministre. Le cahier des charges initial est simple : comment aboutir aux objectifs définis par le Président de la République, à savoir couvrir en « très haut débit » 70% de la population d’ici fin 2020, et 100% de la population d’ici 2025 ?

Tout d’abord, le rapport clarifie ce que l’on appelle « très haut débit » : pour Hervé Maurey, pas de doutes, on parle de fibre optique. Le document souligne les difficultés économiques soulevées par un déploiement général de la fibre optique dans le pays, en présentant notamment les 3 types de zones qui sont définies par l’ARCEP (régulateur des télécommunications en France). Tout d’abord les zones denses, qui sont supposées rentables et pour lesquelles les opérateurs de télécommunication ne nécessitent pas a priori d’aide pour être fibrées. Ensuite, viennent les zones moyennement denses, qui seront rentables à long terme, et pour lesquelles 2 milliards d’euros tirés du grand emprunt ont été alloués.  Enfin, les zones peu denses sur lesquelles il n’est pas forcément question de rentabilité, mais de développement du territoire. C’est sur ce dernier point que le rapport insiste, et pour lesquelles les conclusions les plus frappantes sont avancées.

Le besoin en financement est donc estimé à 660 millions d’euros par an pendant 15 ans et dès 2012. Ainsi, Madame Michu au fond de sa campagne pourra profiter d’un service de VOD 3D de qualité, sur plusieurs écrans HD simultanément évidemment. Les raisons invoquées sont pour autant bien plus sérieuses : télémédecine, accès à l’ensemble des services numériques, dans la lignée de l’intégration du haut débit au titre du service universel. Et c’est là que le bât blesse. Le rapport insiste sur le besoin pour le pays d’être couvert à 100% par de la fibre optique pour une raison de nécessité nationale, mais pour autant le rapport est peu développé lorsqu’il s’agit d’étayer cela par des faits ou des prévisions, car on parle ici surtout de convictions. Surtout, peu d’arguments sont avancés pour justifier la nécessité « vitale » de la fibre par rapport à un déploiement de haut débit type ADSL, sur la base de ce qui se fait actuellement (voir cet exemple). Il est fait état d’une nécessité économique, mais à l’heure actuelle force est de constater la France a fait émerger bien peu de mastodontes du high-tech grâce à l’ADSL (hormis les opérateurs eux-mêmes), au mieux a-t-on assuré la survie d’Alcatel-Lucent. Les bénéficiaires restent les opérateurs télécoms, ainsi que les fournisseurs et agrégateurs de contenus qui fleurissent outre-Atlantique et remplissent nos tuyaux.

La question n’est donc pas d’être pro-fibre ou anti-fibre, évidemment le numérique doit s’insérer à tous les étages de notre société. La question se pose plutôt sur le mode de financement proposé, se basant sur le modèle actuel de l’écotaxe pour ponctionner les revenus des opérateurs par une taxe supplémentaire de « solidarité », mais également sur les ventes de consoles de jeux et de téléviseurs.
Les français vivant en zone urbaine, dans quelques mètres carrés achetés ou loués à prix d’or, et subissant les inconvénients d’une pollution et d’une promiscuité permanente seront-ils d’accord pour payer au monde rural un accès à la fibre plutôt que ADSL, par solidarité ?

Lien pour accéder au rapport : ici.