Les opérateurs préparent leurs armes pour contrer Free Mobile

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Pour faire face à l'arrivée de Free Mobile qui a su attirer jusqu'à 1,5 millions d'abonnés (chiffre non officiel), les opérateurs historiques ont décidé de mettre en avant la qualité de leur réseau ainsi que les services associés à leurs forfaits subventionnés. En effet, Free mise toute sa politique de conquête de nouveaux clients uniquement sur le prix et ne dispose pas encore de son réseau propre sur la totalité du territoire et ne couvre, sur le papier, que 27 % de la population. Pour le reste il s'appuie totalement sur le réseau orange pour la 3G.


Tirer le marché vers le haut grâce à la 4G

Plusieurs analystes et autres experts estiment en effet que les trois grands (Bouygues Telecom, SFR et Orange) pourraient de ce fait décider d'accélérer le déploiement de leur réseau 4G en augmentant leurs investissements dans cette nouvelle technologie. Comme le signale Les Echos, "le cas français pourrait ressembler à celui des Etats-Unis, où les deux grands opérateurs mobiles, ATT et Verizon Wireless, ont massivement investi dans l'Internet mobile à très haut débit pour creuser l'écart avec leurs concurrents, plus petits et plus agressifs sur le plan tarifaire". Bouygues Telecom a d'ailleurs récemment annoncé ses choix de fournisseurs pour ses équiepements 4G : Ericsson et Huawei (voir notre article) et Orange l'ouverture de son réseau 4G dès le quatrième trimestre 2012 à Marseille.

Stéphane Dubreuil, associé chez Sia Conseil, estime que "dans le fixe, les opérateurs vont arbitrer et décider de retarder certains investissements, comme la fibre optique. En revanche, comme la guerre est déclarée dans le mobile, il va falloir qu'ils investissent [...] Pour les trois opérateurs français, la 4G est un moyen de reprendre la main, d'arriver sur une technologie dont Free n'a pas la licence à ce jour. D'abord, la 4G va leur permettre de se différencier vis-à-vis de Free, en apportant un meilleur confort et des débits bien supérieurs à ceux d'aujourd'hui. Ensuite, cette technologie permet de réduire le coût de l'Internet mobile pour l'opérateur. Théoriquement, le coût de production de 1 Go peut être divisé par dix".

Pour Gabrielle Capron, analyste chez Groupama Asset Management, "face à Free, l'adaptation du marché ne se fera pas par le bas. La prime tarifaire octroyée jusqu'ici aux trois opérateurs mobiles français ne se justifiera qu'avec de l'innovation et des investissements dans les réseaux [...] L'investissement est donc bien un vecteur de hausse des prix, dans un contexte de hausse du trafic.", comme c'est déjà le cas aux Etats-Unis, au Danemark ou aux Pays-Bas.


Baisses des prix au cas par cas

Bien que les opérateurs historiques aient très rapidement adapté leurs offres "low cost" (non subventionnées comme B&YOU, Red et Sosh) pour s'aligner ou se rapprocher le plus possible des offres de Free Mobile, ceux-ci restent pour le moment très timides quand à leurs forfaits classiques (subventionnés). Le service offert n'étant pas le même (SAV avec prêt d'un mobile, boutiques, subventionnement du mobile, parrainage, remises multi-lignes, etc), les prix sont donc évidemment plus élevés.

Cependant ces opérateurs lancent néanmoins des séries limitées (comme Bouygues Telecom avec les appels vers les mobiles illimités depuis la Bbox, voir ici), adaptent les prix de leurs offres quadruple play mais surtout acceptent d'accorder officieusement des remises aux meilleurs ou plus anciens clients au cas par cas, notamment à ceux qui arrivent prochainement en fin d'engagement. Il est alors possible d'obtenir des réductions sur son forfait, sur le renouvellement de son mobile ou encore des services/options gratuits. Plusieurs personnes de Bbox Actus ont pu tester et bénéficier de ces remises accordées d'un simple appel au service client. Stéphane Dubreuil, de SIA Conseil, explique "quand un client entre en période de fragilité, c'est-à-dire trois à quatre mois avant que son engagement prenne fin, alors l'opérateur est pro-actif et téléphone à l'abonné en lui proposant une offre. Mais celle-ci n'est pas dans le catalogue officiel. Les cellules de rétention disposent d'un certain degré d'autonomie commerciale, afin de répondre à une demande spécifique". Le dirigeant d'un opérateur note au passage : "souvent, les clients sont très sensibles au prix d'un nouveau terminal puisque Free ne subventionne pas les siens".

Stéphane Richard, PDG d'Orange, l'a même avoué la semaine dernière lors d'un entretien vidéo : "beaucoup de gens disent qu'ils vont quitter leur opérateur, mais ils ne le font pas parce qu'ils se retournent vers leur opérateur. Et celui-ci a une stratégie pour les garder, y compris en baissant les prix ou en leur offrant d'autres choses".


Le cas Free Mobile

Free a décidé d'ouvrir progressivement jusqu'à une centaine de boutiques dans l'hexagone, il devrait en même temps continuer d'investir dans la construction son réseau 3G puis 4G, devra gérer le SAV des mobiles qu'il commence à commercialiser, augmenter ses effectifs pour son service clientèle en ligne, faire face à l'augmentation du nombre de ses abonnés et de leur consommation voix et data toujours plus importante, payer une redevance plus importante que prévue à Orange pour l'utilisation de son réseau (suite à sa récente réunion de remise à plat la semaine dernière). Même s'il réalise des économies en arrêtant presque totalement ses investissements dans le déploiement de la fibre optique comme il le fait déjà, le nouvel entrant devra cependant faire face à des coûts de fonctionnement importants afin de devenir un véritable et sérieux opérateur mobile face à ses concurrents. Pas certain dans ce cas qu'il puisse tenir ses tarifs si bas après avoir passé la barre des 3 millions d'abonnés, Xavier Niel n'excluant d'ailleurs pas dans plusieurs interviews de revoir à la hausse son forfait illimité une fois ce seuil atteint. Les technologies autour du mobile évoluent sans cesse, l'investissement pour les réseaux mobiles est donc permanent…

Source : Les Echos.