Martin Bouygues s'exprime sur Free Mobile à l'Université Paris-Dauphine

Created on
min reading

Satmag vient de relater dans un article l'intervention de Martin Bouygues reçu aujourd'hui par les étudiants de l'Université Paris-Dauphine.


Le président du célèbre groupe dont dépend Bouygues Telecom a été interrogé concernant l'arrivée de Free Mobile sur le marché de la téléphonie mobile et ne semble aucunement croire au modèle économique du nouvel entrant. Voici la retranscription de sa réponse :

"On est dans un problème assez particulier. Je suis interloqué par le lancement de Free. On s'est fait injurier, insulter comme jamais personne ne l'a été. En vertu de quoi ? Je ne sais pas. On a traité nos clients de pigeons, etc. Il faut voir le service qui est offert par Free qui est une calamité.

Le prix que fait Free n'est pas le résultat de la productivité d'une usine que Free aurait fabriqué. Pas du tout. Il achète le produit à Orange dans des conditions qu'on ne connait pas et il revend à des conditions qu'on connait. De ce que je sais, ça ne laisse pas beaucoup entre les deux.

Il a deux types de produits. Un a 2 € TTC, ce qui fait royalement 1,60 €. Impossible de sortir la moindre marge avec ça. Derrière, il assassine les clients dès qu'ils sortent du produit offert.

Il a un autre produit avec un forfait que nous avons aussi sorti.


Je vois que dans les études économiques Free indique qu'un réseau coute un milliard d'euros et qu'il investira cette somme.

Il y a un problème : construire un réseau mobile pour un milliard d'euros, c'est im-po-ssible. On peut raconter ce que l'on veut mais nous on sait ce que c'est.

Je vous donne un exemple : le régulateur (l'ARCEP), a expliqué dans un article du Figaro a annoncé froidement qu'il y aurait 10.000 emplois supprimés dans le métier. Je ne sais pas d'où il sort ce chiffre, car il n'a pas consulté les opérateurs.

Le régulateur dit aussi que Free a investi 130 millions d'euros sur les deux premières années pour se lancer. 130 millions, c'est zéro, c'est rien du tout, c'est peanuts, c'est une plaisanterie. Sur la même période de référence 2010-2011, Bouygues Telecom, sur son réseau mobile qui est un réseau déjà déployé, a dépensé 1 milliard en investissement de maintenance et de complément de couverture et de upgrade technologique.


Il va essayer de ne pas investir mais la règle du jeu n'est pas celle-là. On est dans une course dans les investissements par les infrastructures dont les règles du jeu ont été fixées.

On investit lourdement. Nous sommes dans une industrie de frais fixes. Nos investissements génèrent une masse de frais fixes considérables. On ne peut pas laisser quelqu'un entrer avec des frais variables et détruire un marché, ça n'a aucun sens.

Il a une base de clients et je peux vous le dire, même si c'est confidentiel, nous ne perdons plus de clients aujourd'hui et il commence à avoir des problèmes d'image, notre ami Free.

On est dans une course où l'on revient dans une compétition normale où il faut séduire les clients pour leur offrir un vrai service, un vrai produit et des offres compétitives.

Alors, on verra."

Source : Satmag.