Guerre des mots (durs) entre Bouygues et Free !

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Le mardi 28 août dernier, le groupe Bouygues a publié ses résultats pour le premier semestre 2012 (voir notre article). Le lendemain, Martin Bouygues les présentait lors d'une conférence de presse, l'occasion de commenter les chiffres en baisse concernant sa filiale Bouygues Telecom. L'arrivée d'un quatrième opérateur mobile a en effet bousculé le marché et fait perdre des clients aux trois grands déjà en place.


Martin Bouygues a déclaré à ce sujet "Le précédent gouvernement nous a fait les poches en fin d'année en nous vendant les licences 4G et, quelques mois après, il nous fracasse avec l'arrivée de Free. J'avais écrit à François Fillon pour l'alerter, mais il ne m'a pas répondu [...] Avant de lancer le 4ème opérateur, quelles études d'impact ont été faites ? Y en a-t-il eu ? Ce sont des informations qui devraient être publiées. Là, rien, zéro [...] Résultat, l'amélioration du pouvoir d'achat va être passagère, pour l'emploi c'est un désastre, et l'Etat devrait y perdre en recettes fiscales aux alentours d'un milliard d'euros par an".


Il a également réagit au sujet des nouvelles taxes qui touchent régulièrement les opérateurs : "Chaque mois quasiment, on nous inventait une nouvelle taxe sur le mobile, résultat, le jouet est cassé" mais également concernant le rapprochement éventuel entre l'ARCEP et le CSA : "Le régulateur ne nous pose même pas de questions sur ce qui est en train de nous arriver. Je suis épaté, franchement estomaqué".

Comme le souligne Le Figaro, "Certes, l'hémorragie de clients est stoppée : Bouygues Telecom a regagné 55.000 clients au forfait au deuxième trimestre, inversant bel et bien la tendance après la perte nette de 379.000 clients au premier trimestre. Mais son résultat net a fondu de 57 % à 92 millions d'euros [...] Cette contre-performance de la filiale télécoms pèse sur le résultat total du groupe, qui recule de 29 %".

Du coup, Bouygues Telecom a du lancer un vaste plan d'économies d'un montant de 300 millions d'euros (voir notre article), qui passe également par le départ volontaire qui touche 556 postes (voir ici). Martin Bouygues juge donc que "la situation est très difficile pour l'ensemble des collaborateurs du groupe".


Suite à ces bouleversements dans le secteur, Orange a plusieurs fois fait du pied aux autres opérateurs pour leur proposer de mutualiser leurs réseaux pour la 4G, initialement en mai dernier (voir notre article), appel renouvelé dernièrement par Stéphane Richard. Martin Bouygues répond : "Nous ne sommes pas contre. Mais la mutualisation n'est envisageable que si elle est équitable. Or Orange, SFR et Bouygues Telecom ont chacun investi environ 10 milliards d'euros pour construire leur réseau, alors que Free veut investir 1 milliard". Et Le Figaro de mettre en garde : "[...] Les récentes pannes, notamment celle intervenue sur le réseau Orange début juillet, soulignent l'importance de disposer de plusieurs réseaux pour éviter la panne générale".


Suite à ces déclarations de Martin Bouygues, la réponse de Free ne s'est pas faite attendre... Maxime Lombardini, le Directeur général d'Iliad, s'est en effet exprimé trois jours plus tard lors d'une interview dans l'émission "Good Morning Business" sur BFM Business : "Le meilleur, c'est la critique de Bouygues. Qui nous dit en gros Free n'investit pas dans le mobile. Dans le fixe, que fait Bouygues ? Ils n'ont pas mis un euro dans la fibre optique. Nous, on a mis 700 millions. Ils font quoi ? Ils s'installent sur le réseau de Numéricable. Dans l'ADSL, on a dégroupé 4.500 répartiteurs. C'est des investissements ! On a investi dans l'ADSL trois milliards sur les dix dernières années. Bouygues, il fait quoi ? Il va s'installer sur le réseau de SFR. Ils ont fait 600 répartiteurs et puis après, ils utilisent celui de SFR".

Ancien de TF1/TPS, Maxime Lombardini a justifié ses propos en indiquant : "C'est un groupe que je connais bien, j'y ai travaillé quinze ans, il y a toujours deux discours : Je suis ultralibéral quand ça m'arrange, et je suis quasi marxiste quand ça m'arrange, parce qu'il y a un concurrent".


Il a ensuite rappelé que Free est revenu sur son contrat d'itinérance avec Orange et son coût : "le milliard sur trois ans, il a déjà été anticipé que ce serait un peu plus que ça. C'est parce qu'il y a beaucoup plus d'abonnés qu'attendu, et donc plus d'itinérance" avant d'admettre que les bénéfices des trois opérateurs historiques ont diminué depuis l'arrivée de Free Mobile, même si le marché a augmenté de 2 millions d'abonnés : "Chez Bouygues Telecom, avant que la quatrième licence soit annoncée c'était 180 € par mois, quand la quatrième licence a été annoncée, ils ont baissé à 80 €. Trois mois avant qu'on n'arrive, ils ont baissé à 24 €. On a baissé à 19 €, ils se sont alignés" avant de conclure : "Les trois opérateurs ont distribué 5,5 milliards de dividendes. Ca vous donne l'impression d'entreprises en difficultés ? Nous, on a distribué 21 millions".

Sources : Le Figaro & 01net.